1998 marque l’essor de la mobilisation générale. Les pays les plus avancés servent de locomotive aux autres. Un petit réseau d’experts internationaux se met en place de manière informelle. Vincent Balouet en est le maillon français. Dans les entreprises, les directions générales ont enfin pris le contrôle des opérations. Elles communiquent en interne et sonnent l’alerte générale. Tous les supports sont mis à contribution. Le Cigref intervient lors de ces grandes messes comme témoin, pour mobiliser l’encadrement sur l’essentiel. Les derniers budgets (lesquels ont sérieusement enflé depuis le début), sont obtenus avec son concours. La demande est telle qu’il faut progressivement s’écarter du laboratoire d’idée du Cigref qui suit sont chemin.
En septembre 1998, un deuxième rapport de recommandations verra le jour et sera largement diffusé. Le nombre d’adhérents du Cigref passe de 75 à 100 en trois ans.
L’absence de l’action de l’état se fait sentir, les agences financières s’en inquiètent (voir vidéo interview de Vincent Balouet sur Bloomberg ci contre afin d’informer et rassurer les marchés US)
Gérard Théry est enfin nommé en Février 1998 à la tête de la mission gouvernementale. Ses premiers pas sont jugés hésitants par l’ensemble des acteurs et par la presse. Les PME ne sont toujours pas mobilisées. Les premières actions de communication sont très décevantes.
Au sujet des PME, le Cigref ne veut pas sortir de son cadre qui est d’intervenir pour les seules grandes entreprises et refuse d’intervenir auprès des PME. Avec l’accord du Président du Cigref, Vincent Balouet rédige en mars 1998 en son nom propre un ouvrage à l’attention des Pme (l’entreprise et le passage à l’an 2000, aux éditions Eyrolles). C’est le premier ouvrage qui ne traite que de la conduite de projet et donne des recommandations claires sous forme de fiches pratiques.
Cet ouvrage est assez remarqué en France, au Canada et aux USA. Au même moment, sous l’impulsion d’Al Gore, vice président US, le gouvernement américain prend position et construit une démarche strictement inverse (Y2K small Business ACT) pour pousser les grandes entreprises à s’occuper des petites contre un allégement des responsabilités. En Mai, le G8 se mobilise et demande que les gouvernements accélèrent. Vincent Balouet intervient fin 1998 auprès de la mission Théry pour donner du contenu à l’action gouvernementale.
Plus tard, Jean Laurent Santoni publie « Le passage à l’An2000 » chez Dunod, pou accélérer encore les préparatifs.
Les US s’inquiètent de la situation en France et lancent une enquête. Les services de renseignement US contactent Vincent Balouet afin de clarifier la situation des PME. (Aux US, le problème des PME a été réglé par voie législative (Y2K Bill Clinton Small Business Act), afin d’accélérer la préparation des petites entreprises. En creux, le US menacent de ré-examiner les participations des fonds de pensions US dans L’économie française. La menace est sérieuse.
Une délégation sénatoriale US est envoyée en Europe et est reçue fraichement par Bercy. La Banque de France devra produire un rapport de situation.
La COB (aujourd’hui Autorité des Marchés Financiers) exige que les entreprises cotées publient un état des lieux de leur programme de correction AN 2000.
A la télévision, les reportages et enquêtes se multiplient (Envoyé Spécial, voir ci contre), l’action gouvernementale est vertement critiquée. Le secteur financier, suivi par les autres infrastructures (énergie, transport, télécoms, etc…) s’organise.
La Banque de France (Commission bancaire, COB, Minefi) publie le Livre Blanc du secteur financier et donne des recommandations claires, en particulier des devoirs d’information des clients. En particulier, afin que garanties d’assurance puissent jouer, les acteurs sont invités à diffuser des documents de référence. Sur 6 documents, Vincent Balouet est l’auteur de deux d’entre eux. Il est cité en référence aux cotés du Président des Etats Unis Bill Clinton pour ses rapports publiés par le Cigref et son ouvrage pour les PME. Ce rapport de la commission bancaire marquera le début des préparatifs de la dernière ligne droite, et de l’organisation des tests de place, secteur par secteur.
Rapport de la Banque de France disponible ici : https://histoirean2000.fr/wp-content/uploads/2024/12/cb_livbl_an_2000.pdf. La mention relative à Vincent Balouet et Bill Clinton est P145.
L’industrie automobile s’organise, la banque, l’assurance, la SNCF, France Telecom, tous feront des journées « blanches de test » afin de verrouiller les dispositifs. Plus tard des conditions de service restreint seront mise en place pour la nuit du 31 décembre 1999 (banques fermées, trains arrêtés, centrales nucléaires sous surveillance active, …). Le temps de Vincent Balouet est entièrement consacré à ces préparatifs qui sont lancés en novembre 1998 ou il poursuit son rôle de conseil.
Le ministère de la Santé lance un plan dans les hôpitaux afin de contrôler tous les équipements, la Cogema négocie les astreintes pour le 31 décembre 1999 avec les syndicats, à chaque fois, le Cigref sera sollicité et servira de « caution ». Jean Laurent Santoni, qui a repris la présidence de la commission du Clusif, est appelé par le ministère de la Santé et rédige le rapport visant à préparer les hôpitaux.
Pendant ce temps, les informaticiens des grandes entreprises sont devenus plus autonomes. En Octobre, le conseil exécutif du CNPF/Medef demande qu’une action soit réalisée auprès des PME.
Une crise éclate entre le Medef, les assureurs et Bercy d’une part et le Cigref d’autre part.
Le refus du Cigref d’informer directement les PME surexpose les assureurs en responsabilité civile professionnelle (dont le régime n’est pas plafonné) du secteur des sociétés éditrices de logiciels et et services informatiques. L’assureur le plus exposé est AXA. Denis Kessler, vice président délégué du Medef et Directeur Général d’AXA intervient directement auprès du président du Cigref (DSI également d’AXA) suite au blocage des PME et organise le transfert de Vincent Balouet au Medef. cet événement est relaté par la presse économique et évoque la « puissante FFSA ».
Le Medef demande donc à Vincent Balouet de prendre en charge cette mission, de laisser les grandes entreprises terminer seules, de mener campagne sur le terrain et de mobiliser le gouvernement.
Emission Envoyé Spécial, France 2
Interview Vincent Balouet Bloomberg
Computer Channel – Communication
Emission E=M6